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Prix Gaïa : Beat Haldimann, un artiste récompensé
Points de vue

Prix Gaïa : Beat Haldimann, un artiste récompensé

lundi, 19 octobre 2009
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Fabrice Eschmann
Journaliste indépendant

“Il faut se méfier des citations sur Internet !”

« Une grande histoire aux multiples auteurs : ainsi en est-il de la vie. Ainsi en va-t-il aussi de l’horlogerie. Sans rencontres, point d’histoire. »

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6 min de lecture

Le prix Gaïa, catégorie Artisanat-création, est revenu cette année à un horloger hors du commun. Installé à Thoune, Beat Haldimann réalise des pièces uniques au monde. Portrait d’un véritable artiste soucieux de l’art comme de la manière.

Qui connaît Beat Haldimann ? En dehors d’un petit cercle de passionnés et de collectionneurs de grande horlogerie, pas grand monde avouons-le ! Il vient pourtant de remporter le Prix Gaïa, sorte de Prix Nobel de la profession décerné par le Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds. Cette distinction – catégorie Artisanat-création – vient récompenser un génie créateur, attaché autant à l’art qu’à la manière : Beat Haldimann ne se contente pas de réaliser des montres uniques qui portent son nom, il leur donne une âme, son âme.

Il n’en existe plus qu’une poignée de ces horlogers solitaires, discrets parmi les silencieux, véritables chevaliers de la branche. Beat Haldimann est certainement l’un d’eux. Né dans l’Emmental en 1964, fait horloger en 1985, il s’installe à Thoune en 1991. Passé maître à son tour en obtenant le brevet fédéral, il entreprend alors sa première création : son atelier.

« Concentration sur l’essentiel »

Dans une vieille bâtisse de 1907, à un jet de pierre de l’endroit où l’Aar se jette dans le lac de Thoune, Beat Haldimann installe sa manufacture. Et le terme « manufacture » est un euphémisme : pas une CNC, ni de CAO, aucune aide électronique. L’horloger pousse la manière à son paroxysme en ne s’équipant que de machines à l’ancienne. Pour les dénicher, il ne fait pas seulement le tour de la Suisse mais sillonne également l’Europe. Trouvé dans un hôpital des Pays Bas, un vieux tour Schaüblin des années 1940 fait très vite partie des bagages. Son équipement le plus moderne est un microscope optique des années 1960.

Son univers posé, Beat Haldimann peut se mettre au travail. Un travail qui n’a d’ailleurs jamais cessé. D’abord restaurateur de montres anciennes, il s’adonne ensuite à la réalisation d’horloges et de pendules. Entre 1992 et 2001, il développe des prototypes pour une marque prestigieuse en Suisse. Mais une idée fait lentement son chemin.

A Baselworld 2002, après trois ans de recherches, Beat Haldimann fait sensation avec sa première montre-bracelet, la H1 Flying Lyra. Flottant au dessus du cadran, la cage du tourbillon central prend la forme d’une lyre. « Tout au long de mes études sur la philosophie japonaise Zen, j’ai senti grandir le désire de réaliser une montre qui pourrait intégrer ces valeurs de « concentration sur l’essentiel » et de « recentrement » », explique-t-il en 2003 dans une interview au site timezone.com. Le résultat est hypnotisant.

Une star sans « star system »

Beat Haldimann, 38 ans à cette époque, devient une sommité. Les jurys de la revue allemande Chronos et du magazine américain Watch Time le reconnaissent comme l’un des vingt plus prestigieux horlogers du monde. En 2005, le jeune artisan confirme. Il présente sa H2 Flying Resonance, un double tourbillon central flottant au-dessus du cadran et synchronisé selon le principe physique de résonance. Une première mondiale qui fait appel non plus seulement à des principes mécaniques mais à un phénomène naturel.

 

H2 Flying Resonance © Haldimann Horology
H2 Flying Resonance © Haldimann Horology

Sa dernière création marque un saut sémantique. S’inspirant de la H1, la H8 Flying Sculptura, achevée en 2008, reproduit le tourbillon flottant central mais bannit toute indication du cadran. Seul persiste le spectacle parfaitement réglé du temps qui passe. Captivant. La montre passe ainsi du statut d’outil de mesure à celui d’objet d’art, et l’horloger du rang d’artisan à celui d’artiste.

Qui connaît Beat Haldimann ? Vous, bien sûr. Il est de ceux qui appellent chacun de leurs clients par son prénom ; de ceux qui accordent une grande importance au bruit que fait le tic-tac de leurs pièces ; de ceux, enfin, que l’humilité et la modestie interdisent d’accéder au « star system ». Ils n’en ont pas besoin !

L’esprit d'entreprise pour Greubel Forsey

Lauréats du Prix Gaïa dans la catégorie Esprit d’entreprise, Robert Greubel et Stephen Forsey sont incontestablement en train de marquer l’art horloger de leur empreinte. Co-fondateurs de la marque Greubel Forsey, les deux horlogers – français pour le premier, anglais pour le second – sont à l’origine de quelques créations qui ont fortement marqué la branche, comme le Quadruple Tourbillon à Différentiel Sphérique qui vient de remporter le Grand Prix de l’Horlogerie Asia dans la catégorie « Montre compliquée ».

Mais c’est pour leur faculté et leur volonté d’entreprendre que ces surdoués ont été primés. Robert Greubel et Stephen Forsey se sont rencontrés en 1992 chez Renaud & Papi (aujourd’hui Audemars Piguet Renaud & Papi). En 1999, les deux compères quittent l’entreprise pour fonder deux ans plus tard la société CompliTime. Spécialisés dans les grandes complications, les deux horlogers travaillent alors pour de prestigieuses Maisons horlogères.

Robert Greubel et Stephen Forsey, lauréats du Prix Gaïa dans la catégorie Esprit d’entreprise, © Greubel Forsey
Robert Greubel et Stephen Forsey, lauréats du Prix Gaïa dans la catégorie Esprit d’entreprise, © Greubel Forsey
Nouveau siège de la manufacture

Mais leur rêve est ailleurs. En 2004, après de longues années de gestation, la marque Greubel Forsey présente sa première pièce à Baselworld : le Double Tourbillon 30°. Dès lors, l’ascension va être fulgurante. En 2005 est créée la société GFPI qui a pour but l’acquisition et l’administration de droits intellectuels. En 2006, convaincu de l’exceptionnelle pertinence et de la solidité de la marque, le groupe Richemont acquiert 20% de son capital. La même année, les entrepreneurs-horlogers créent CT Design, en partenariat avec Antoine Tschumi, patron du bureau de design Neo Desis au Locle. En 2007 naît CT Time, qui a pour vocation le développement et la production de mouvements plus industriels pour une clientèle sélectionnée. Aujourd’hui, le groupe emploie quelque 100 personnes et Greubel Forsey réalise et vend une centaine de pièces par an dont le prix varie entre 300’000 et 670’000 francs dans une trentaine de points de vente à travers le monde.

Cerise sur le gâteau, le nouveau siège du groupe, qui va permettre de réunir tout ce petit monde sous un même toit, vient d’être achevé aux Eplatures, entre La Chaux-de-Fonds et Le Locle. Trait d’union entre modernité et tradition, à l’image de la marque Greubel Forsey, le complexe marie une ancienne ferme répertoriée par les Monuments et Sites à un édifice de verre et d’acier. L’inauguration est agendée pour le mois d’octobre 2009.

Article paru dans le BIPH

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