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L’économie horlogère passe la vitesse inférieure
Economie

L’économie horlogère passe la vitesse inférieure

lundi, 04 février 2019
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

L’horlogerie suisse a connu une excellente phase de rattrapage en 2018 avec des exportations en hausse de 6,3 % à CHF 21,2 milliards. Tout porte cependant à croire que le pic de croissance a été atteint au premier semestre et que la phase de ralentissement en cours va se prolonger en 2019.

Lorsque l’on parle d’horlogerie, ou du moins d’exportations horlogères suisses, on aurait presque tendance à s’attendre à des annonces fracassantes tant ce secteur économique nous a habitués à de grands mouvements de balancier. En d’autres termes, lorsque la branche se porte bien, on évoque des élans d’euphorie et, à l’inverse, lorsque soufflent les vents contraires, on parle de véritable marasme. Tout ce qui se trouve entre deux ne serait que transitoire. Si l’on se fie à cette vision manichéenne des choses, l’année 2018 est clairement à ranger dans la première catégorie. Quel secteur industriel aussi mûr que l’horlogerie peut en effet se targuer d’une progression de 6,3 % de ses exportations, comme viennent de le préciser les statistiques officielles, qui font état d’expéditions de produits horlogers à l’étranger pour CHF 21,2 milliards l’an dernier ? En d’autres termes, les professionnels de la branche ont réussi à combler le trou d’air des deux années précédentes pour un résultat quasi identique à celui de 2015.

Ralentissement en fin d’année

De quoi sortir le champagne et fêter à nouveau des lendemains qui chantent ? Pas vraiment ! Si le sentiment est certes positif, il n’est pas non plus béat d’optimisme. Pour revenir aux chiffres, ceux des exportations comme des grandes compagnies du secteur, on remarque en effet clairement que le pic de croissance a été atteint début 2018 et que, depuis, le dynamisme horloger perd en consistance. « La croissance (des exportations, ndlr) a été particulièrement soutenue durant le premier semestre (+ 10,6 %) avant de ralentir à 2,3 % en seconde partie d’année », précisait la Fédération de l’industrie horlogère suisse en fin de semaine dernière. Même constat si l’on se penche sur les résultats des groupes cotés en Bourse qui viennent de tomber. Si LVMH a en effet connu une année record en 2018 avec un chiffre d’affaires en hausse de 10 % à EUR 46,8 milliards pour un bénéfice opérationnel qui atteint pour la première fois 10 milliards (+ 21 %), les affaires ont été moins florissantes en fin d’année qu’au début. On le remarque très clairement pour ce qui est de la division Montres & Joaillerie, dont la progression des ventes, encore de 20 % au premier trimestre 2018, a passé à 7 % au quatrième pour un total de EUR 4,123 milliards sur l’ensemble de l’année (+ 12 %).

La marche des affaires de Swatch Groupe a ralenti durant les trois derniers mois 2018.

Le constat n’est pas très différent en ce qui concerne le Swatch Group, qui a bouclé son exercice 2018 sur un chiffre d’affaires de CHF 8,475 milliards, soit une croissance de 6,1 % en ligne avec celle des exportations suisses. Même si les sites de production du Groupe dans le domaine de l’habillage ont travaillé aux limites de leurs capacités, impliquant des retards de livraison chez Longines et Omega notamment, « la marche des affaires a ralenti durant les trois derniers mois de l’exercice sous revue, précise Swatch Group. Le mois de décembre, en particulier, a été plus faible en raison d’une base de comparaison très élevée ». Quant à Richemont, le troisième trimestre de son exercice en cours clos à fin décembre dernier a vu les ventes de ses Maisons horlogères progresser d’un petit 1 %, l’essentiel de la croissance étant à mettre au compte des joailliers du groupe Cartier et Van Cleef & Arpels (+ 9 %) et surtout de ses acquisitions Watchfinder et Yoox Net-A-Porter dans le domaine de la vente en ligne. Au final, le chiffre d’affaires trimestriel de Richemont atteint ainsi EUR 3,9 milliards (+ 25 %).

Optimisme prudent pour 2019

Sur ces bases, la FH pose le constat suivant : « Les signes de tassement, les indicateurs économiques et les incertitudes qui subsistent à plusieurs niveaux invitent à un optimisme prudent pour 2019. Les exportations horlogères devraient poursuivre leur progression, mais de manière plus mesurée. » Et d’avancer une projection de l’ordre de 4 % de hausse sur l’année. De fait, les regards sont actuellement tournés vers l’Asie, qui a absorbé 53 % du chiffre d’affaires des horloges suisses l’an dernier, et surtout vers la Chine, où la croissance économique de 6,6 % enregistrée en 2018 est la plus faible de ces trente dernières années. Et encore, il s’agit là des chiffres officiels à prendre avec toute la circonspection voulue. En sachant, de plus, que la Chine, troisième marché d’exportation pour les horlogers suisses en hausse de 11,7 % en 2018, est toujours empêtrée dans une guerre commerciale avec les États-Unis, le gouvernement aura fort à faire pour maintenir le taux de progression du pays, dont dépend évidemment Hong Kong, plaque tournante horlogère de la région. Les perspectives ne sont guère plus réjouissantes en Europe, qui absorbe un tiers des exportations horlogères helvétiques, en recul de 2,9 % l’an dernier. Entre les gilets jaunes, le Brexit, l’instabilité italienne avec son gouvernement bicéphale et les incertitudes espagnoles quant à la cohésion nationale, le climat n’est guère propice.

La Bourse, en tout état de cause, a déjà pris son parti. Jeudi dernier, à l’annonce des résultats de Swatch, l’action accusait immédiatement des pertes de l’ordre de 5 %, accentuant la dégringolade du titre de plus de 30 % sur les six deniers mois. Même tendance sur l’action Richemont, en baisse de 20 % depuis juillet, alors que l’indice des valeurs vedettes de la cote helvétique ne perdait que 3 % sur la même période. Toujours sur six mois, la cotation de LVMH cède 7 %, celles d’Hermès et Kering 4 %. En sachant que les marchés financiers agissent par anticipation, alors peut-être bien que 2019 sera bel et bien une année « transitoire ».

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