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Ce que veulent les collectionneurs de montres (IV)
Regards de connaisseurs

Ce que veulent les collectionneurs de montres (IV)

mardi, 05 février 2019
 
8 min de lecture

Cinq collectionneurs provenant des quatre coins du monde nous expliquent ce qui les décide à acheter (ou non). François-Xavier Overstake, fondateur du site web equationdutemps.blogspot.com, fait partie de ces amoureux des montres dont l’avis nous intéresse.

Sur les réseaux sociaux, l’heure est aux récriminations de la part d’internautes émanant de la « communauté horlogère ». Ils s’interrogent sur la provenance interne ou externe des mouvements et composants d’une montre, sur la transparence des marques et même sur l’utilité des stars, ces ambassadeurs qui font monter les prix des montres neuves. En effet, il semblerait que les connaisseurs expérimentés soient légèrement affectés par ces « petites anicroches », à même toutefois d’influencer leurs achats de montres de première et seconde mains basés sur des années d’expérience. De leur côté, les collectionneurs moins chevronnés auraient plutôt tendance à privilégier des pièces plus excentriques à trouver auprès des horlogers indépendants. Cinq collectionneurs du monde entier nous font part de leur parcours et expliquent les débuts de leur collection et comment elle a évolué. Ces portraits s’accompagnent pour chacun d’une photo de « la » montre, s’il ne devait en rester qu’une.


 

France – François-Xavier Overstake, fondateur du site web equationdutemps.blogspot.com
Normalement, on dit souvent que plus nous devenons vieux, plus nos goûts deviennent classiques. Dans mon cas, c’est plutôt le contraire.

C’est la montre de poche de son grand-père qui a inspiré François-Xavier Overstake à en apprendre plus sur les objets permettant de mesurer le temps. Aujourd’hui, ce courtier d’assurances dans la ceinture parisienne possède même son propre blog afin de pouvoir partager sa passion. Discret, il considère être un « modeste collectionneur en comparaison des autres ». Sa collection comprend néanmoins des pièces d’A. Lange & Söhne, Patek Philippe, Audemars-Piguet, Girard-Perregaux, IWC, Urwerk, Rolex, et d’autres. De quelle manière les choisit-il ? « Ce n’est pas une couleur ou une forme, mais plutôt l’aspect esthétique d’une montre qui doit être cohérent avec son mouvement », explique-t-il. « Normalement, on dit souvent que plus nous devenons vieux, plus nos goûts deviennent classiques. Dans mon cas, c’est plutôt le contraire. Mes goûts ont évolué, ils sont plus affirmés et m’incitent à prendre plus de risques lorsqu’il s’agit d’esthétique. Par exemple mon Urwerk UR-103.08 TiALN. »

UR-103.08 TiALN © Urwerk
UR-103.08 TiALN © Urwerk

Ses relations avec les marques sont étroites, « peut-être parce que je possède également mon propre blog, mais même avant cela, avec Lange par exemple, que j’ai visité pour la première fois en 2005 ». Il entretient de tout aussi bonnes relations avec des marques plus « importantes » : « Je connais les équipes, et la dimension humaine est très importante. » Et avec les horlogers indépendants, « ça se développe en relations personnelles, comme avec Speake-Marin, le cofondateur de De Bethune Denis Flageollet, ou F.P.Journe ».

« Ce qui compte, c’est la qualité »

Qu’en est-il de la production à l’interne ? « Le sujet est vaste ! » En faisant écho à Mark Fleminger, il nous explique que « l’horlogerie Suisse était à l’origine une industrie faisant appel à la sous-traitance ; elle a été fondée sur ce principe. C’est dans ses racines. Personne ne s’interrogeait sur cette problématique, jusqu’à il y a de cela 20 ans, lorsque la production à l’interne est devenue une quasi-nécessité, et que des collectionneurs de partout dans le monde le demandaient. Les marques se sont conformées, les montres sont devenues plus onéreuses, et certains fournisseurs ont rencontré de réels problèmes financiers. J’ai de la peine à définir un “mouvement manufacturé”. N’y a-t-il pas de sous-traitance ? N’y a-t-il pas de consultants externes ? Que la production soit à l’interne ou non, ce qui compte, c’est la qualité. Nous devrions revenir à des thématiques plus simples, avec un mouvement cohérent, une certaine qualité et fiabilité, ainsi qu’une certaine précision de la mesure du temps – nous ne devons pas oublier qu’une montre est faite pour donner l’heure. Généralement, ceux qui achètent une montre pour un anniversaire, un mariage ou un diplôme veulent acheter une belle montre munie d’un mouvement qui fonctionne correctement. Que la production soit faite à l’interne ou non, cela ne les intéresse pas. Et même pour beaucoup de collectionneurs qui veulent acheter une certaine marque parce qu’elle est respectée et prestigieuse, est-ce qu’une montre Patek munie d’un mouvement Lemania a moins de valeur qu’une Patek munie d’un mouvement chronographe Patek ? Bien sûr que non. »

Il estime que, pour certains « collectionneurs fous » qui suivent des forums et qui sont extrêmement bien informés, un mouvement « à l’interne » peut être important. Il n’en fait toutefois certainement pas partie. « Je pense qu’il y a plusieurs étapes, et peut-être que j’ai dépassé celle-ci. Nous en apprenons un peu plus tous les jours. Je m’intéresse à des montres contemporaines – pas des vintage, autrement je ne sais pas quand est-ce que je dormirai ! De plus, il est très difficile de se tenir à jour. Les nouveautés étaient usuellement présentées au SIHH ou à Baselworld ; à présent il y a quelque chose de nouveau toutes les semaines. Et pour revenir sur la production à l’interne ou non, la transparence reste quelque peu opaque, pour ne pas dire brumeuse. Lorsque vous lisez des rapports de la part de grosses sociétés qui écrivent « la marque est restée en accord avec ses objectifs », vous n’apprenez rien. L’information est on ne peut plus vague et obscure. C’est pour cela que je pense qu’en tant que client vous vous devez de rester détaché de toutes ces histoires qui tournent autour de la production à l’interne. Revenez à des facteurs plus simples, tels que : l’esthétique, la qualité finale, la cohérence du mouvement, l’adéquation du prix avec vos moyens. Lorsque je réponds favorablement à toutes ces questions, j’achète. »

L’exclusivité stylisée

Pour ce qui est de l’histoire d’une marque, « ce qu’elle accomplissait il y a de cela 100 ans compte, mais c’est plus ses accomplissements actuels qui m’intéressent. » Ce collectionneur apprécie l’exclusivité, avec « du style, une présence, et qui offre un plaisir pour les yeux et pour les mains. Le mouvement doit me plaire, mais il ne peut pas être le facteur déterminant ; le cadran est le premier élément que je vois. Avec Lange, je retrouve toutes ces conditions ». Il préfère également les montres à remontage manuel : « Pour moi, c’est un plaisir d’avoir de l’interaction avec une montre lorsque je la remonte. »

1815 Chronograph © A. Lange & Söhne
1815 Chronograph © A. Lange & Söhne

Il conclut avec quelques lignes directrices, en ajoutant que « vous pouvez trouver des montres intéressantes à tous les prix. Il existe des montres intéressantes à 200 euros et des montres insipides à 20’000 euros ou 30’000 euros ; l’élément important est d’avoir du plaisir avec votre montre. Tout le monde peut trouver quelque chose avec son budget ; trouvez juste votre direction et ne devenez pas frustré. Oubliez ce qui est compliqué ou obscur, pour revenir vers de plus simples plaisirs ».

Alors que d’autres collectionneurs ont accompli la tâche difficile de définir leur montre préférée, François-Xavier Overstake insiste sur le fait qu’il lui est littéralement impossible de se décider sur « la » montre, plaidant l’existence de ses deux poignets, l’un pour son Urwerk UR-103.08 TiALN, et l’autre pour son A. Lange & Söhne 1815 Chronograph.
Instagram : equationdutemps

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