Le philosophe russe Vladimir Soloviev écrivait que l’objet aimé est toujours dual. En réalité, nous aimons l’idée, l’être ou l’essence qui nous fascinent et nous enchantent. Mais nous aimons aussi sa version concrète, la correspondance objective, la personnification de cette idée. Car l’humain est ainsi fait : nous sommes des êtres conscients, capables de réfléchir et d’apprendre, mais nous sommes aussi des êtres de chair et de sang, animés de passion pour tout ce qui est beau, fascinant et digne d’être aimé.

Quand Irving Stone a voulu écrire un livre sur Michel-Ange, il l’a intitulé Le Tourment et l’Extase. C’est de ce livre qu’a été tiré ultérieurement un film avec Charlton Heston et Rex Harrison. Le message est clair : pour parvenir à l’extase de l’art et de la beauté, il faut passer par le tourment, l’effort, l’engagement.

« Panta rei » (Πάντα ῥεῖ) disait Héraclite : « tout s’écoule ». Et tout change, évidemment. Heureusement, ai-je envie d’ajouter. Car résister au changement signifie en rester automatiquement exclu, demeurer hors du temps. Or, la haute horlogerie, qui est non seulement la gardienne du temps mais aussi sa fille chérie et sa fidèle interprète, fait mieux que suivre les mutations, elle les anticipe et les modèle. En devinant les nouvelles tendances, en imaginant de nouveaux modèles, en gardant en vie une tradition en dialogue incessant avec le futur.